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L’inquiétante pollution de l’air en RDC

Lubumbashi consumes a dirty, polluted air. In May 2016, air pollution increased by 8% in the last five years in Africa. It is mainly in cities with more than 100,000 inhabitants, according to a WHO report.

Lubumbashi consomme un air sale, pollué. En mai 2016, la pollution de l’air a augmenté de 8%, durant les 5 dernières années en Afrique. C’est principalement dans les villes de plus de 100.000 habitants, indique un rapport de l’OMS.

La pollution atmosphérique dépasse parfois le seuil toléré. Il circule dans l’air kinois (de Kinshasa), 63,2 microgrammes par mètre cube des particules fines (PM 2,5), dangereuses pour la santé. Ces données (OMS) prélevées à Kinshasa, une première en RDC. Elles révèlent une situation inquiétante pour de nombreuses villes congolaises.

L’industrie minière en tête des pollueurs

L’industrie minière est désignée comme principale source de pollution de l’air à Lubumbashi, dans l’ex-Katanga minier. En 2015, le climatologue Jean-Pierre Ndjibu, professeur à l’Université de Lubumbashi, prélève des mesures surprenantes à l’ouest de la ville. « On est pratiquement au-delà de 290 MG le m3 de particules fines. Ces particules, MP10, emportent le sulfate et le nitrate, des particules qui vont jusqu’au niveau des poumons et au niveau du système cardiovasculaire. On ne s’en rend pas compte », s’inquiète-t-il.

Aussi, la diminution des arbres dans la ceinture de Lubumbashi aggraverait la détérioration de la qualité de l’air. Désormais, l’air se déplaçant à 18km à l’heure, l’air pollué se propage très vite. Mais Lubumbashi, Kinshasa connaît une faible implantation des industries. Mais « les rares qui existent polluent davantage. Sur la 7e rue, dans la commune de Limite », explique sous anonymat un habitant de Kinshasa. « Une fabrique d’allumettes pollue chaque jour à partir de 4 heures. Malheureusement, une loi sur les pollueurs-payeurs reste bloquée à l’assemblée de la province de Kinshasa. Personne ne les traque. »

Le transport urbain et la cuisine, plus inquiétants à Kinshasa

Kinshasa, c’est quelques deux millions de voitures en circulation, d’après les estimations, plusieurs étant vétustes et mal entretenus. L’étude de l’OMS de mai 2016 note 63,2 microgrammes par mètre cube des particules fines (PM 2,5) qui circulent dans l’air kinois. Le gaz carbonique libéré par les automobiles y est important. Accusés de polluer, les véhicules vieux de 10 ans interdits d’importation par le premier ministre Matata entrent en RDC.

Autre source de gaz : les générateurs électriques, alternative aux coupures d’électricité et au délestage. En effet, seuls 15% des congolais sont connectés au réseau électrique national, selon le directeur de la Société nationale d’électricité, SNEL.

Chacun gère donc ces déchets comme il veut, plusieurs préférant les brûler. C’est sans compter la poussière que soulève le vent. Dans un tel environnement, il peut arriver pire : « l’air joue un rôle de transport, explique le climatologue Jean-Pierre Ndjibu. L’humidité que nous avons dans l’atmosphère transforme des produits chimiques : le dioxyde de souffre, par exemple, peut facilement devenir de l’acide sulfurique en se combinant avec la vapeur d’eau» On comprend alors que « ce qui était un polluant primaire devient un polluant secondaire, et donc beaucoup plus dangereux », explique le climatologue.

Des milliers de morts en Afrique

L’impact de toutes ces pratiques sur la santé est important. Le journaliste Alfred Ntumba qui a travaillé aussi sur la pollution de l’air, indique qu’« à Kinshasa, on dépiste des substances cancérigènes dans les urines, notamment du plomb. Certains médecins pensent que cela vient du gasoil non brûlé dans les automobiles », explique-t-il. Le carburant sale, celui qui contient du plomb, en effet, ne brûle pas suffisamment dans le moteur. Tout cela finit dans l’air.

D’après l’OMS, la pollution de l’air est à l’origine de près de 200.000 décès chaque année en Afrique. Si la tendance actuelle demeure, le continent devrait atteindre 600.000 décès, en 2050. Dans le monde, ce sont 3 millions de personnes qui en meurent chaque année. L’OMS a établi que la pollution de l’air cause le cancer de poumon, de vessie, des cardiopathies ainsi que des accidents vasculaires. Certains milieux hospitaliers congolais ne rassurent malheureusement pas, en matière de qualité de l’air intérieur. Le climatologue Jean-Pierre Ndjibu qui espérait faire prendre conscience des dangers réels s’est vu stoppé :

« Au départ, certains hôpitaux de Lubumbashi ont accepté l’idée de mesurer la qualité de l’air intérieur. Mais au moment où on venait placer des appareils de mesure, ils ont refusé. Pourtant, cette initiative devait nous permettre de comprendre combien de mort nous avons chaque année, par rapport à la pollution atmosphérique. Lorsque quelqu’un meurt, nous sommes habitués à dire "c’est Dieu qui a donné, c’est Dieu qui a repris" alors que ce sont des morts bêtes qu’on devrait éviter », s’inquiète l’enseignant.

Pour Jean-Pierre Ilunga Ngwej, directeur de cabinet du maire Lubumbashi, il y a moyen de remédier à cette situation. Il propose d’adapter la loi à la situation actuelle, celle d’un pays  qui veut se développer : «Tout le monde veut avoir un véhicule, les industries s’installent dans nos cités. Mais il faut respecter la loi qui existe. En revanche, contre la poussière : on ne peut pas asphalter partout, mais on peut reboiser partout, créer des parcs ou forêts urbaines. »