« Zéro déforestation » et de l’huile de palme durable
Eight African countries representing 13% of the world's tropical forests committed themselves, in November 2016 in Marrakech to Morocco, to preserve forests more and more exposed to the overexploitation of palm oil.
Huit pays africains représentant 13% des forêts tropicales mondiales se sont engagés, le 16 novembre 2016 à Marrakech au Maroc, à préserver les forêts de plus en plus exposées à la surexploitation d’huile de palme. La culture du palmier à huile, en effet, est à l’origine d’une déforestation plus grande dans le monde.
Le palmier à huile a le vent en poupe en Afrique. Les chiffres sont parlants : de 350 USD la tonne en 1990, selon la FAO, on est passé à près de 695 USD en octobre 2016. Le secteur est annoncé générateur d’emplois, et des richesses pour les paysans. En 2018, l’Afrique de l’Ouest, fortement concernée par la Déclaration de Marrakech (pdf), pourrait produire 600.000 tonnes l’an.
Ces pays principaux producteurs d’huile de palme d’Afrique totalisent avec les trois pays du bassin du Congo (Centrafrique, Congo, RDC) 250 millions d’ha des forêts tropicales (13% des forêts mondiales).
Si la culture du palmier à huile est présentée comme une menace pour les forêts, c’est parce qu’elle est gourmande des terres forestières. « Ce n’est pas le palmier à huile qui est coupable en tant que culture, mais plutôt la façon dont il a été exploité la plupart du temps, à savoir, en le plantant sur un sol forestier déboisé à cet effet », explique Olivier Dubois, Chargé des Ressources Naturelles et de l’Environnement (NRC) à la FAO.
Le palmier à huile africain plus risqué que l’indonésien
Les défenseurs des forêts équatoriales craignent la reproduction en Afrique du scénario indonésien où la culture du palmier à huile a charrié d’importantes déforestations et une importante pollution en 2016, lors des incendies des palmaires. En plus, la culture dans les forêts finit par libérer le CO2 longtemps séquestré dans les arbres, explique au site Libération le Porte-parole des ONG Cœur de forêt en Indonésie, Boris Patentreger :
« La déforestation représente entre 15% et 20% des émissions de gaz à effet de serre mondiale. Moins de forêts, c’est aussi moins de CO2 absorbé et piégé par ces écosystèmes, donc plus de CO2 dans l’atmosphère. La situation varie en fonction du taux de déforestation.»
Un tel scénario en Afrique serait catastrophique, prévient un rapport de l’ONG Greenpeace :
« Dans une plantation indonésienne de palmiers à huile, la quantité de carbone stockée dans la biomasse aérienne est d’environ 39 tonnes par hectare; dans la forêt tropicale africaine, elle avoisine 150 tonnes par hectare. Si l’on continue à transformer des zones forestières en plantations de palmiers à huile, cela engendrera des émissions massives de CO2. »
Pourtant, le palmier à huile est une source des richesses pour de nombreux paysans. Le défi est donc d’articuler cette utilité et la protection de l’écologie. Mais le mode d’octroi des concessions ne rassure pas tout le monde sur cette exigence. En 2014, Greenpeace dénonçait des accords opaques au « risque de générer une déforestation massive, une accélération du changement climatique, ainsi que des abus sociaux et la perte de terres cultivables pour les communautés locales. » Ceci, d’autant plus que 3 des signataires de l’Accord de Marrakech appartiennent au bassin du Congo qui héberge la 2e plus grande forêt du monde.
Du palmier à huile durable en Afrique, c’est possible
Une culture du palmier qui génère des richesses, protège l’environnement et les personnes, c’est ce que prévoit aussi l’Initiative Huile de Palme en Afrique, un projet de la TFA 2020 (Tropical Forest Alliance 2020) qui promeut un partenariat public-privé destiné à réduire la déforestation tropicale dans le monde. C’est à travers 4 produits concernés par la déforestation : l’huile de palme, le soja, la pâte à papier et le papier, et la viande de bœuf.
Avec la Déclaration de Marrakech, en effet, les Etats africains reconnaissent la culture du palmier à huile comme « un vecteur de déforestation ». Puisqu’avec les cultures industrielles, les agriculteurs ont désirent des terres forestières des plantations de palmiers à huile. Pourtant, il est possible de produire davantage « sans besoin d’acquérir de nouvelles terres ». Mais « en augmentant les rendements de façon durable, on obtient les mêmes productions qu’en défrichant de nouvelles terres », explique Olivier Dubois.
L’autre alternative consiste à opérer sur de nouvelles terres, mais en procédant à un zonage agro-écologique définissant des terres dégradées où installer de nouvelles plantations. Il s’agit d’identifier des « Zones à Forte séquestration en carbone 9 (High Carbon Stock/HCS) » mentionnée dans la Déclaration de Marrakech. « L’idée est de définir les zones que l’on peut déboiser sur base d’un seuil concernant la composition végétale/stock carbone », explique Olivier Dubois.
A ce propos, le Ghana et la Côte d’Ivoire, signataires de cette déclaration, sont en train de préparer, avec l’appui de la FAO, l’intensification durable de la culture du palmier à huile. La stratégie repose notamment sur « la récupération du méthane produit par les effluents de la transformation en huile de palme pour produire du biogaz », explique la même source.
Mais ces bons exemples de succès restent peu étendus. Les Etats présentant une faible gouvernance en matière environnementale et foncière connaissent des difficultés majeures. Les nouvelles concessions accordées aux privées attisent parfois des conflits. C’est le cas de la société Feronia Inc, soutenue par les aides Aide américaine et européennes, accusée d’occuper près de 100.000 ha des paysans dans le nord de la RDC, selon l’ONG Grain.
En octobre 2016, dans l’ouest du Cameroun, ce sont 244 agriculteurs qui ont porté plainte contre la SG Sustainable Oils Cameroon, filiale de l’américaine Herakles Farm, prête à acquérir 20.000 hectares de palmiers à huile. La société n’aurait pas respecté une zone tampon de 5 km pour protéger leurs propres exploitations des communautés locales, selon l’AFP.
Le chemin de la certification de la filière huile de palme
Culture controversée, le palmier à huile peut pourtant s’obtenir sans déforestation. C’est ce qu’envisage l’Initiative de la TFA 2020 qui promeut une culture durable avec ce message : « zéro déforestation ». Sous son impulsion, en septembre 2016 à Kinshasa, la RDC s’est fixé 11 règles régissant dorénavant le secteur d’huile de palme imposables à l’agro-industrie et à l’industrie de transformation. Cette démarche se réfère à la normalisation RSPO.
La norme RSPO fixe les standards des produits issus du palmier à huile depuis 2004, devenant une référence pour producteurs d’huile de palme, Etats, agriculteurs, financiers et ONG. Près de 60% du commerce mondial veillerait à leur impact écologique, indique la National Geographic en 2013. Tout produit est désormais suivi dans l’Union européenne.
L’huile de palme dans nos plats
L’huile de palme reste la plus consommée du monde. A 80%, elle finit dans nos plats, allant de 2,8g le jour en France en 2014, indique la National Geographic, à l’unique huile de cuisine dans des régions rurales africaines. Le secteur cosmétologique prend 19%, l’énergie 1%.
Mais, cette huile est accusée de nuire à la santé en augmentant le taux du mauvais cholestérol, à cause d’une forte concentration d’acides gras saturés. « Ces acides peuvent causer des maladies cardiovasculaires », explique le professeur Jules Nkulu de Lubumbashi, agronome et spécialiste en alimentation. Il note néanmoins que l’on reconnaît en même temps à cette huile de renforcer la vue grâce aux vitamines A et E.
L’avenir du palmier à huile et ses dérivés est certes vu en Afrique, la déclaration de Marrakech visant à le préserver pour environnement sain l’a bien vu. Mais il est clair que la réalisation de cet idéal est une affaire de courage politique tant la remise de l’ordre dans le secteur où trônent les sociétés privées n’est pas toujours facile.
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